Les pièges du biais de  confirmation dans la vie de tous les jours. 
Ne pas voir ce qui met en péril notre modèle du monde.  

Le biais de confirmation serait  la conséquence d’un mode de fonctionnement de notre esprit de sélectionner les informations pour “confirmer” une hypothèse plutôt que de chercher à l’ “invalider”.   J’aime bien cette idée d’approcher le biais comme un mécanisme naturel… car si nous payons les conséquences des limites de ce mode de fonctionnement, ce serait une double peine que de culpabiliser “en plus” et d’y voir une incapacité à se remettre en question. 

Quand est-ce que ce biais se met en marche ?  lorsque notre modèle du monde devrait être remis en cause parce que l’environnement nous envoie un signal qu’une de nos croyances n’est pas valide (dissonance cognitive). Comme un réflexe de sauvegarde, nous ne voyons pas ce signal.  Quitte à transformer, distordre ou interpréter la réalité pour la faire coïncider avec notre modèle du monde. 

On raconte souvent les études de Léon Festinger qui, dans les années 50 a étudié ce phénomène de manière pragmatique. 

Festinger avait intégré une secte apocalyptique qui prévoyait la fin du monde à une certaine date. Le jour J, l’apocalypse ne vint pas. Plutôt que de conclure que la croyance première était erronée, il assiste en direct à une jolie pirouette. Une interprétation (équivalence) qui  permet de maintenir le système : “c’est parce que nous avons beaucoup prié que le monde a été sauvé”. Cet exemple spectaculaire permet de comprendre le réflexe de “sauvegarde” du système de pensée…. 

Ce serait comme “Patcher” notre système de croyances pour éviter de le réinitialiser… C’est moins coûteux pour l’équilibre et permet de conserver “ce qui fonctionne” de notre représentation du monde. Après tout : les membres de la secte avaient un groupe d’appartenance, une vie rythmée de rituels et un équilibre personnel établi, ce serait dommage de jeter à la poubelle ces précieux points positifs pour ce “détail” de l’apocalypse en retard au rendez-vous.    

Dans la vie de tous les jours , nous procédons discrètement de la même manière. C’est moins spectaculaire mais tout aussi réel. 

Par exemple, si vous avez une opinion négative sur l’utilisation du glyphosate en agriculture(*c’est mon cas), vous aurez tendance à voir et prendre en compte plus facilement les articles et publications qui vont dans votre sens (ce qui combiné  aux algorithmes de sélection des réseaux sociaux peut créer une bulle autour de vous), et vous risquez de rejeter  ou de juger non pertinent ce qui  mets en péril votre opinion (“ces études sont financées par Bayer et la FNSEA”, les résultats sont falsifiés ! ).

Sur des croyances plus intimes, plus profondes de notre identité, le biais de confirmation devient un frein à notre épanouissement. En effet, il s’applique aussi  à ces insidieuses idées que nous avons sur nous mêmes et sur le monde : “ je ne mérite pas d’être aimer”, “il faut faire des efforts pour réussir”,  ou “les autres ne sont pas fiables”….

Comme dans un scénario bien rodé, nous mettons tout en place pour nous re-valider ces idées encore et encore dans nos expériences de vie et nous ne voyons pas,  ou nous minimisons tous les indices qui devraient nous faire comprendre que nous nous trompons !

A quoi ça sert de connaître l’existence de ce biais? peut être à garder dans un coin de notre esprit que même ce qui vous semble évident, vérifié, validé, prouvé peut “encore” faire l’objet d’un examen.

Que faire pour s’en libérer ? 

Seul, c’est très difficile car nous ne voyons pas nos propres croyances. Nous prenons notre carte du monde pour le monde lui-même. (confondre la carte et le territoire). 

Mais on peut déjà s’amuser  à prendre le réflexe de remettre en cause nos pensées en invalidant des hypothèses plutôt qu’en les confirmant … ou simplement en tournant autour pour y apporter un peu de flexibilité. 

un exemple  : les gens ne sont pas fiables?

Quels sont les moments dans ma vie où les autres ont été dignes de confiance ? où j’ai pu m’appuyer sur eux ? obtenir de l’aide ?

Qu’est ce que cette idée que les gens ne sont pas fiables provoque comme émotion ou réaction pour moi ?

Et si c’était moi qui n’était pas fiable ?

Qui serais-je, comment serait ma vie sans cette croyance que les gens ne sont pas fiables ?

Aussi je peux aller visiter qui je serais et comment je me sentirais avec une croyance opposée : Qu’est ce que ça change si “les gens sont bienveillants, responsables, fiables” ?

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin avec une recette pour revisiter nos pensées, je recommande le travail de Byron Katie. Dans son livre “aimer ce qui est”, elle propose une méthode en 4 questions pour bousculer nos pensées. 

Enfin, bien entendu , s’offrir un regard extérieur pour mettre à jour les croyances qui se cachent dans votre vie de tous les jours, et faire la lumière sur celles qui vous gênent dans notre marche vers l’épanouissement, N’est ce pas là un beau projet ? 

et qui d’autre que vous pour décider d’y voir plus clair aujourd’hui ?

Qui d’autre que vous pour faire le prochain pas ?

Enfin, je voudrais conclure en disant que toutes nos croyances ne méritent pas d’être bousculées, seules celles qui nous limitent sont à revisiter. Ne changeons pas ce qui participe de notre bien être, du maintien de notre énergie vitale et de notre motivation…

RdG